رد: Rendons un petit hommage au poètes français Horloge Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible Dont le doigt nous menace et nous dit: " Souviens-toi Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor (Mon gosier de métal parle toutes les langues Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge Où le Repentir même (oh! la dernière auberge Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard Les Fleurs du Mal Edition posthume de 1868 |
رد: Rendons un petit hommage au poètes français Elevation Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées Des montagnes, des bois, des nuages, des mers Par delà le soleil, par delà les éthers Par delà les confins des sphères étoilées Mon esprit, tu te meus avec agilité Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde Tu sillonnes gaiement l'immensité profond Avec une indicible et mâle volupté Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides Va te purifier dans l'air supérieur Et bois, comme une pure et divine liqueur Le feu clair qui remplit les espaces limpides Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins Celui dont les pensers, comme des alouettes Vers les cieux le matin prennent un libre essor - Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes Les Fleurs du MalEdition posthume de 1868 |
رد: Rendons un petit hommage au poètes français Bien loin d'ici C'est ici la case sacrée Où cette fille très parée, Tranquille et toujours préparée, D'une main éventant ses seins, Et son coude dans les coussins, Ecoute pleurer les bassins ; C'est la chambre de Dorothée. - La brise et l'eau chantent au loin Leur chanson de sanglots heurtée Pour bercer cette enfant gâtée. Du haut en bas, avec grand soin, Sa peau délicate est frottée D'huile odorante et de benjoin. - Des fleurs se pâment dans un coin. |
رد: Rendons un petit hommage au poètes français Causerie Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose ! Mais la tristesse en moi monte comme la mer, Et laisse, en refluant sur ma lèvre morose Le souvenir cuisant de son limon amer. - Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ; Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé Par la griffe et la dent féroce de la femme. Ne cherchez plus mon coeur ; les bêtes l'ont mangé. Mon coeur est un palais flétri par la cohue ; On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux ! - Un parfum nage autour de votre gorge nue !... Ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux ! Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes, Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes ! |
رد: Rendons un petit hommage au poètes français A Victor Hugo Le Cygne Andromaque, je pense à vous! Ce petit fleuve Pauvre et triste miroir où jadis resplendit L'immense majesté de vos douleurs de veuve Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit A fécondé soudain ma mémoire fertile Comme je traversais le nouveau Carrouse Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville Change plus vite, hélas! que le coeur d'un mortel Je ne vois qu'en esprit tout ce camp de baraques Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus Là s'étalait jadis une ménagerie Là je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux Froids et clairs le Travail s'éveille, où la voirie Pousse un sombre ouragan dans l'air silencieux Un cygne qui s'était évadé de sa cage Et, de ses pieds palmés frottant le pavé sec Sur le sol raboteux traînait son blanc plumage Près d'un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre Et disait, le coeur plein de son beau lac natal " Eau, quand donc pleuvras-tu? quand tonneras-tu, foudre Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal Vers le ciel quelquefois, comme l'homme d'Ovide Vers le ciel ironique et cruellement bleu Sur son cou convulsif tendant sa tête avide Comme s'il adressait des reproches à Dieu Les Fleurs du Mal Edition posthume de 1868 |
الساعة الآن 12:00 |
جميع المواد المنشورة بالموقع تعبر عن أصحابها فقط ولا تعبر بأي شكل من الأشكال عن رأي الموقع ولا يتحمل أي مسؤولية عنها
Powered by vBulletin® Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd