On embarque ou on monte dans l'autobus?
Le verbe embarquer tout comme son contraire débarquer sont dérivés du mot barque, d'où leur usage d'abord maritime : on embarque (ou on s'embarque) dans ou sur un navire, on débarque d'un navire. Par extension, ces verbes (comme embarquement et débarquement) ont été utilisés lorsqu'il est question d'un avion et même d'un train : les passagers ont embarqué (ou se sont embarqués), être prêt pour l'embarquement. Ce sont là les emplois les plus courants de ces verbes dans l'usage panfrancophone.
Au Québec, embarquer et débarquer s'entendent aussi, fréquemment, dans le sens de « monter » ou de « descendre de tout véhicule ». Ces emplois ont été critiqués, et ce, dès les premiers ouvrages correctifs du milieu du XIXe siècle. L'influence du français maritime dans la langue québécoise a souvent été invoquée pour expliquer leur généralisation dans l'usage québécois, mais on peut douter que cette influence ait été aussi grande. Il est permis de croire que ces usages dits « maritimes » étaient déjà passés dans la langue générale en France, mais n'étaient tout simplement pas encore répertoriés dans les dictionnaires de l'époque. Quoi qu'il en soit, à la fin du XIXe siècle, les lexicographes rendent compte de cette extension sémantique en France. Déjà, Littré définit ainsi s'embarquer : « Par extension, se mettre dans un véhicule quelconque pour aller d'un lieu à un autre » et l'illustre par les exemples suivants : « s'embarquer dans une diligence, dans un wagon ». Parmi les ouvrages récents, on trouve notamment Le grand Robert de la langue française qui donne comme familier embarquer un passager dans sa voiture ou s'embarquer dans une voiture, et Le petit Larousse (2013) qui définit, sans marque d'usage, embarquer ou s'embarquer « monter à bord d'un navire, d'un avion, d'un véhicule ».
Dans la langue familière
Pour sa part, l'Office recommande l'emploi des verbes monter et descendre (d'un véhicule, mais aussi du métro, d'un vélo, etc.), dans l'usage neutre ou soutenu tout au moins. Non pas que l'emploi d'embarquer ou de débarquer dans ces contextes constitue une faute, une impropriété, mais parce que cet emploi relève d'un registre plus familier.
Une autobus?
Donc, en ce début d'année scolaire, partons du bon pied et décidons de changer quelque peu nos habitudes. Désormais, plutôt que d'embarquer dans l'autobus et d'en débarquer, nous y monterons et nous descendrons de celui-ci... et non de celle-ci, puisqu'il faut aussi se rappeler que le mot autobus est masculin, ce qui nous conduit à monter dans le 8, le 15, etc., et non la 8, etc. Quant à la forme courte bus, plus familière, on la prononcera selon les règles du français comme d'ailleurs on le fait dans abribus, et en se rappelant toujours que le mot, même sous cette forme abrégée, reste du masculin : le bus.
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