2011-02-28, 19:18
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العضو | | | رد: .Sartre et la littérature. | .L'écrivain engagé La guerre, dont il dira à plusieurs reprises qu'elle a été pour lui "le vrai tournant de sa vie", va bouleverser cet itinéraire trop bien balisé.
D'abord, Sartre, militaire et prisonnier, découvre une dimension de la vie qu'il avait pratiquement ignorée jusque-là, le "collectif" : les clivages sociaux, l'inégalité culturelle, mais aussi la camaraderie, "le sentiment de faire partie d'une masse". Le petit génie n'est plus tout seul. Avec la Résistance, la politique fait une timide apparition. Mais il faudra attendre l'après-guerre pour qu'elle prenne une véritable importance. Ni l'histoire ni la lutte des classes ne sont présentes dans L'Être et le Néant (1943), etL'Âge de raison, écrit pendant cette période, "montre seulement les relations de quelques individus". Le "collectif" ne sera abordé que dans Le Sursis, qui raconte la crise de Munich.
À cette découverte s'ajoute en 1945 un changement de statut plus inattendu encore : la célébrité. Du jour au lendemain Sartre devient une vedette, célébrée par les uns, honnie par les autres. Désormais, il gagne largement sa vie avec ses livres et ses pièces. Impossible, dans ces conditions, de maintenir le mythe du petit professeur obscur. La gloire lui est tombée dessus sans qu'il l'ait vraiment cherchée, mais il doit assumer son nouveau personnage public.
Cette double métamorphose de l'écrivain entraîne un premier revirement : l'abandon de la théorie du salut par l'art au profit d'une idée nouvelle de la littérature. Le plus important dans Qu'est-ce que la littérature ? n'est peut-être pas tant la théorie de l'"engagement" que le principe, posé au départ, de la séparation de la prose, "utilitaire par essence", et de la poésie. Il permet à Sartre de sauver, sous le nom de poésie, une forme de création fidèle à ses aspirations anciennes, mais qu'il abandonne à d'autres (Baudelaire, Mallarmé, Genet), disons, en gros, l'art, et de se réserver la littérature assimilée désormais à "une forme d'action secondaire." L'art est le domaine du "sens" où les mots gardent tout leur pouvoir, la littérature celui des "significations" où ils doivent se faire oublier : opacité d'un côté, transparence de l'autre. Dans cette nouvelle perspective, c'est le salut des autres plutôt que le sien propre que l'écrivain doit viser. Non pas, comme on l'a dit trop souvent, en défendant une thèse, mais, en "dévoilant" le monde et en le proposant "comme tâche à la générosité du lecteur". Tel est le sens de l'"engagement" : "L'écrivain engagé sait que la parole est action ; il sait que dévoiler, c'est changer et qu'on ne peut dévoiler le monde qu'en projetant de le changer."
Retenons pour l'instant l'habile manouvre qui permet à Sartre de sauver le mandat. La littérature n'est pas condamnée, bien au contraire. Elle a seulement changé d'objet : écrire, oui, mais "écrire pour son époque".. | التوقيع | الوفاء أن تراعي وداد لحظة ولا تنس جميل من أفادك لفظة" | |
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