Séminaire sur la violence en milieu scolaire Un phénomène aux multiples facettes
Du bonnet d’âne, à la «falaqa», des coups donnés sur les doigts aux punitions écrites, la violence prend diverses formes et semble gagner du terrain.  Certains élèves n’ont pas le sentiment d’avoir les mêmes perspectives d’avenir. Ph. Saouri C’est pourquoi des enquêtes portant sur la violence en milieu scolaire sont menées, comme notamment celle réalisée en 2006 par la Faculté de psychologie de Casablanca conjointement avec l’Unicef et qui avait confirmé l’étendue de cette ce phénomène. À son tour, le Centre de recherche scientifique de l’Université Rabat-Souissi a organisé un séminaire, les 7 et 8 mars, sur la question. «Les élèves n’ont pas foi en l’égalité des chances, c’est là d’où vient le problème», explique Abdellah Zarou, formateur en Sciences de l’éducation et sociologie, professeur-chercheur à la Faculté des sciences humaines d’El-Jadida. «Ils n’ont pas le sentiment d’être traités égalitairement ou d’avoir les mêmes perspectives d’avenir», souligne-t-il. En effet, il est ressorti des différentes interventions que ces inégalités sont l’une des causes du malaise qui règne sur les bancs de l’école. D’autre part, l’inégalité existe aussi entre les lycées : il n’y a pas les mêmes chances de réussite dans un lycée public ou dans un lycée privé ce qui peut favoriser la montée de la violence économique. «Ce que j’appelle violence économique, c’est tout simplement le manque de moyens qui pousse les élèves à ne pas pouvoir choisir la voie qu’ils auraient aimé suivre», rajoute Abdellah Zarou.
Et l’inégalité peut être spatiale entre les enfants des villes et ceux des campagnes, des quartiers riches et des périphéries.
Un constat qui alourdit le bilan de la violence dans le milieu scolaire.
L’aura perdue de l’enseignant
Amina Fartat, enseignante dans une école primaire à Casablanca explique ce phénomène par une pression sociale qui veut qu’ils réussissent à tout prix : «L’élève a cette pression depuis tout petit, dès qu’il rentre en primaire. Tous ses efforts pour ne pas décevoir, pour ressembler au grand frère ou aux cousins, ne font que multiplier les risques que cet enfant s’exprime par la violence» parce qu’étant «livré à lui-même, l’élève n’est pas cadré, pas orienté, il se sent perdu entre ce que veulent ses parents et ce que veut la société pour lui et ne laisse pas s’exprimer ce qu’il a en lui», souligne-t-elle. De leur côté, les professeurs aussi peuvent être victimes de violence : «Le professeur n’a plus le statut d’antan, tout le respect qu’on lui consacrait, même dans la religion qui insiste sur le fait que professeur était sur le point de devenir prophète», explique un enseignant.
Le rôle des autorités en question
Et d’ajouter que cette «aura» perdue encourage les élèves au non-respect, aux insultes et parfois mêmes à la violence morale et physique : «il s’agit non seulement d’éducation, mais surtout de savoir quel rôle les autorités donnent au corps enseignant, le professeur aujourd’hui n’est plus rien ».
Un malaise vécu par les deux parties, des élèves perdus, livrés à eux-mêmes et un corps professoral qui souffre d’un manque de moyens et du manque de respect qui lui est dû.
Avis du spécialiste : Bouchaib Karoumi, Pédopsychiatre «Les règles d’éducation ne sont plus les mêmes» Quelles sont les causes de cette montée de violence en milieu scolaire ?
Il faut noter que c’est un phénomène qui a toujours existé, mais qu’il y a une accentuation des comportements violents à l’école, entre enfants, envers des enseignants et même à l’encontre de l’établissement en saccageant le matériel pédagogique. Pour simplifier, on peut en classer les causes sous trois catégories.
La première cause peut être personnelle et relative à l’enfant comme des problèmes médicaux, psychologique telles l’hyperactivité ou encore l’épilepsie qui ne pousse pas forcément à la violence, mais à l’agitation, la maladresse et l’impulsivité, parfois incomprise de l’autre. La deuxième raison est d’ordre socio-environnemental. L’enfant n’a pas où s’exprimer surtout dans les grandes villes, il passe souvent des quatre murs de l’école aux quatre murs de la maison et toute l’énergie qu’il a en lui est mal canalisée. Troisième cause et la plus importante c’est la cause familiale qui découle soit de l’éducation et le laxisme qui engendre un décalage au niveau de la sociabilisation et la cohabitation avec l’autre soit des violences au sein du foyer dont l’enfant est témoin.
Justement, comment expliquer un tel changement entre l’éducation de l’époque de nos parents et celle d’aujourd’hui ?
Tout a changé. Les règles d’éducation à l’école ne sont plus les mêmes. Avant il y avait des méthodes pédagogiques sévères, quand le professeur gagnait le respect par la force du bâton, parfois excessive et traumatisante. Le système a changé, le rapport entre enseignants et parents n’est pas le même. Tout d’abord parce que la situation des enseignants n’est pas des plus favorables, ils ne sont pas encouragés dans leur métier, surtout par les parents. D’ailleurs, cette pression est subie par tout le monde, mais surtout par les parents, car ils ont à assumer un poids qui n’existait pas avant. Aujourd’hui, les parents se sentent angoissés par rapport à l’avenir de leurs enfants et ressentent donc une peur qui n’existait pas avant. Réussir à l’école n’est pas suffisant, le diplôme n’est plus un gage d’avenir. Cette pression est ressentie par l’enfant et par l’enseignant et elle a souvent de lourdes conséquences, dont la violence.
Et est-ce que la punition est une fin en soi ?
La punition ne devrait pas être uniquement l’affaire de l’enseignant puisque celui-ci n’est pas censé éduquer, c’est le rôle des parents. Certes, les punitions à l’école font partie de l’arsenal utilisé par les enseignants pour améliorer le rendement scolaire et pour avoir une classe qui marche. Je ne vois pas beaucoup l’utilité des sanctions corporelles, il serait plus judicieux de recourir à d’autres moyens.
Publié le : 8 Mars 2012 - Jihane Bougrine, LE MATIN |
فعاليات صيف 2011 على منتديات الأستاذ :
مسابقة استوقفتني آية
|
ورشة : نحو مفهوم أمثل للزواج
2012-03-26, 01:45
la violence en milieu scolaire 
