Imilchil-Amellagou classé au patrimoine mondial Le site Imilchil-Amellagou, situé dans le Haut Atlas Oriental, vient d'être déclaré Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM), par l'Organisation mondiale des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), lors du séminaire international des SIPAM, réuni dernièrement en Chine.
«Lors de cette rencontre qui s'est déroulée à Pékin, nous avons présenté le dossier du site Imilchil-Amellagou, qui a été reconnu patrimoine agricole mondial grâce à sa contribution à la sécurité alimentaire locale ainsi qu'au rôle de son patrimoine matériel et immatériel dans la conservation, la meilleure gestion des ressources naturelles et du bien-être des populations villageoises», a indiqué Said Saidi, chef du département de l'amélioration et de la conservation des ressources génétiques à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) à Rabat.
C'est la consécration pour un projet financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Fonds pour l'environnement mondial (GEF), et porté par l'INRA et la FAO, en collaboration avec l'Office régional de la mise en valeur agricole de Tafilalet (ORMVAT) et l'association Adrar. Identifier des systèmes agricoles uniques dans le monde pour les conserver, tel est le principal objectif du SIPAM, conçu par l'Iranien Parviz Koohafkan, directeur de la division terre et eau à la FAO. Plus de 200 sites ont été identifiés dans le monde. Aujourd'hui, la FAO réalise des expériences pilotes dans certains pays, notamment l'Algérie, la Tunisie, la Tanzanie, le Chili, le Pérou, les Philippines et la Chine. Les SIPAM peuvent aussi être un rempart contre la mondialisation, qui cherche à uniformiser les modes de vie.
Cette nouvelle approche de conservation des ressources naturelles vise à sauvegarder la diversité culturelle et initier un partenariat agricole mondial à l'instar du patrimoine culturel de l'humanité initié par l'Unesco. Un plan de conservation du SIPAM comprend plusieurs axes : la préservation de la biodiversité et son intégration dans la sécurité alimentaire, la gestion durable de l'eau et du sol, le soutien du savoir local et le développement des paysages. Le site Imilchil-Amellagou, qui appartient à un écosystème caractérisé par des oasis froides connectées à des Agdals (pâturage fermé dont l'ouverture est réglementée) et des parcours de montagne arides répond bien aux critères du deuxième pilier du Plan Maroc Vert, qui vise à accompagner les petits paysans et à encourager une agriculture solidaire. «Un séminaire national devrait être organisé en octobre prochain à Rabat pour présenter les résultats du rapport du SIPAM relatif au site Imilichil-Amellagou. D'autres SIPAM sont en cours d'études dans notre pays», a ajouté M. Saidi. Si le site Imilichil-Amellagou a obtenu ce sésame, c'est grâce à son grand potentiel écologique.
La diversité de son relief se manifeste dans les différentes formations végétales (forêt), dans celle des écosystèmes et des habitats (prairie, culture, boisement, parcours, escarpements, mares et lacs, hautes montagnes, plateaux arides, gorges profondes, grottes, etc.), et dans la diversité des espèces. Cette haute variabilité environnementale est à l'origine d'une diversité biologique exceptionnelle qui fait de cette région un centre d'endémisme au niveau national. Intégré dans le Parc national du Haut Atlas Oriental, la zone Imilchil compte deux sites de la convention RAMSAR des zones humides, les lacs Isli et Tislite. Le site fait partie de la zone A (biotopes précieux, sensibles et menacés) de la Réserve de biosphère des oasis du Sud marocain.
Carte de visite
Le site Imilchil-Amellagou est situé dans le Haut Atlas Oriental du Maroc. Les villages d'Imilchil et d'Amellagou sont situés respectivement à 140 et 65 km à l'ouest de Rich. Sur le plan administratif, la zone Imilchil-Amellagou comprend 6 communes rurales. Le cercle d'Imilchil coiffe cinq communes rurales et fait administrativement partie de la province de Midelt et la commune d'Amellagou relève de la province d'Errachidia. Ce site s'étend sur une superficie totale de 309.295 ha. La population est de souche Amazigh et composée de deux tribus, les Aït Hdidou dans les communes rurales du cercle d'Imilchil et les Aït Marghad à Amellagou. La région a une très faible densité humaine à l'échelle de son territoire qui contraste avec de très fortes concentrations humaines dans les oasis. Les populations nomades sont minoritaires et en forte diminution. Ces populations, confrontées depuis des siècles à l'adversité du milieu et à la rareté des ressources, ont développé des pratiques communautaires de solidarité et de discipline . zizvalley.com |