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Biographie : les liens du sang

Les liens du sang: 1/2

J'avais un frère avec qui je ne m'entendais pas assez souvent.Depuis notre enfance, nous ne cessions de nous quereller et nous disputer .A vrai dire, il me taquinait tout le temps pour me mettre hors de moi.Il y arrivait toujours sans peine, et cela l'amusait énormément .Quant à moi, je l'insultais par tous les noms .Cependant, je n'étais jamais parvenu à lui donner une raclée.
Nos rapports étaient assez tendus pour éclater à la moindre anicroche.Pourtant, nous ne gardions jamais rancune, l’un vers l’autre.
Pour éviter de tel "accrochage», j'essayais de ne pas l’approcher, ni même lui parler en public. Néanmoins, lui toujours me cherchait, et bien entendu cela sentait déjà le "roussi".
Quoiqu'il en soit, c'était quelqu'un de très sérieux dans son travail et il aimait faire du bien à tout le monde .D'ailleurs, il comptait beaucoup d'amis qui avaient une grande admiration pour sa personne.
Mon frère s'entendait avec presque tout le monde .Enfin, ceux qui le connaissaient assez évitaient de le contrarier ou de le contredire.
J'étais peut-être le seul à ne pas l'avoir compris ; mais lui, m'aurait-il compris ?
Cela fait plusieurs année que mon frangin est dans l'autre monde .Il avait rendu l'âme loin de chez lui et de sa famille.
Il avait un grand espoir pour lutter contre sa maladie et la vaincre.Mais, on n'y peut rien contre son destin !
C'était en 1987 que son aventure avec le mal avait commencé .C'était juste après un voyage effectué aux U.S.A. Quelques jours après son arrivée au Maroc, il constata des taches bleuâtres au niveau de sa cuisse.
Au début, il ne s'en soucia guère .Seulement, ces taches s'enflèrent et cela commença à le gêner pour marcher.
Deux jours après, il décida de faire des analyses. Ces derniers étaient à la fois choquants et surprenants .Les médecins n'en revenaient pas de leur découverte.Vraiment, c'était incroyable, mais vrai!
Les analyses avaient révélé qu'un millimètre cube du sang de mon frère contient plus de 350.000 globules blancs !
Or, comme vous devez le savoir, la moyenne de ces "leucocytes" dans le corps humain varie entre 8.000 et 11.000 globules dans un mm3.
Pour cela que les toubibs étaient vraiment ahuris de voir le frangin se porter bien ,alors que son états était critique et semblait dériver à la catastrophe .
Lui même, il leur affirma qu'il se sentait bien, qu'il n'avait ni vertige, ni aucun malaise. Avouez que c'était un miracle !
Durant cette année, il subit plusieurs tests et autres analyses .On lui prescrivit beaucoup de médicaments et il eut recours à des traitements draconiens.
Pourtant l'état de santé du malade s'aggravait de jour en jour .Il avait maintes fois vomi du sang (quelque fois coagulé) et même tombé dans le coma pour plusieurs minutes.
Cela avait alarmé ses médecins .Aussi, décidèrent-ils de l'envoyer en France.
Là-bas, on lui fit savoir qu'il y avait un seul remède :une greffe de moelle .
Il fallait faire des différentes analyses de notre sang(mes autres frères et mes sœurs )pour trouver la personne qui aurait une certaine compatibilité avec le sang de Jamal :le même groupe de sang et les mêmes constituants .
Ironie du sort:les résultats ont relevé que j'étais sa seule chance .
Vers la fin de décembre de l'année 1988, nous prîmes l'avion pour Paris

A suivre

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Les liens du sang : 2/2

Pas la peine de vous dire que j'étais soulagé et prêt à cette "expérience".
Notre second voyage eut lieu au printemps.Mon frère m'avait précédé de plusieurs jours .Il fut hospitalisé tout de suite à cause d'une tumeur .Il commença son traitement le lendemain de son hospitalisation: il devait avaler plus de 150 pilules par jour.Ce traitement consistait à éliminer tous les globules blancs .Cela dura une bonne quinzaine de jours.
Après, on le mit dans une chambre isolée avec des machines qui le reliaient par des tuyaux au cou et aux bras.Il y avait aussi une sorte de rideau en plastique qui le séparait des autres .Il était interdit d'y pénétrer, à part les infirmiers et les médecins qui portaient des masques à cet effet.
Nous, on pouvait le voir et lui parler, mais de derrière le rideau.
Même pour lui rendre visite, il fallait se laver les mains avec du savon et se chausser avec des chaussettes spéciales.
Deux jours de mon arrivée, je subis plusieurs prélèvements de sang, ainsi qu'une visite générale de tout mon corps avec radios et clichés.
Résultat: j'avais une santé de fer!
Une semaine après, je fus hospitalisé.Il était 6 heures du soir, quand on m'indiqua ma chambre au 4 ème étage d'un grand bâtiment .C'était une chambre confortable toute équipée .J'avais à ma disposition le téléphone et la télé.
Ce soir, je pris une douche avant d'attaquer un bon dîner .Vers huit heures (du soir), deux infirmières me firent des compresses sur la partie inférieure du dos, après l'avoir nettoyée.
Le matin, de bonne heure, on me refit la même opération et on me donna un truc qui s'avérait être un peignoir en papier ouate .Je devais le mettre après m'être déshabillé .Puis, le chariot m'emmena au bloc opératoire.
Je vous épargnerai les détails:l'opération s'était bien déroulée.Quand je revenais à moi après trois heures d’anesthésie, je sentis quelques douleurs et des nausées .Je palpai mon dos.Aie!j'avais le dos tout endolori ; mais , à part cela, tout allait bien.
La moelle prise avait été traitée puis mélangée dans du sang(le mien) .Ensuite, on injecta ce"mélange" dans le corps de mon frangin.
Chose formidable son organisme avait accepté la substance.
Toute la famille était heureuse de savoir que tout s'était bien passé.
Mon frère devait rester à l'hosto en observation durant un mois.Plus tard, on l'avait placé dans une maison de repos pour trois mois.
Cet endroit se trouvait en plein air, loin de la ville.
Mon frère avait toutes les chances de guérir.Seulement, il avait intérêt à obéir aux consignes données pour son propre rétablissement.Tout d'abord, il devait porter un masque .Secundo, éviter le contact des gens et de parler à plus de deux personnes .Tertio: ne pas trop se déplacer.
Pourtant, le destin fut autrement.Un jour, Jamal Eddine se sentit angoissé et ne put s'empêcher de sortir .D'habitude, il allait rendre visite à un oncle dans la banlieue de Paris .Mais ce jour, il n'avait nulle l'envie!Aussi, changea-t-il de cap cette fois vers Rouen chez un ami.
Ce fut le drame.Le pauvre n'avait pas encore la force vu son état assez fragile ; car sa nouvelle moelle était encore en croissance, perdit donc connaissance sur le quai .On le transporta d'urgence à l'hôpital où il succomba quelques heures après.L'atroce nouvelle nous était parvenue le lendemain matin .C'était un drame pour toute la famille.
Jusqu'à maintenant, nous ne cessons de penser à lui et d'évoquer ses souvenirs.
Il a laissé derrière lui deux superbes filles: Loubna et Lamia.
Quant à toi cher frère paix à ton âme et que la miséricorde d'Allah soit en toi! A l'hôpital, on nous fit un accueil chaleureux .Les médecins m'expliquèrent le déroulement de l'opération et mon rôle à moi, étant donneur .Enfin de compte, je visionnai un documentaire effectué en ce domaine.

PS: Jamal Eddine est décédé le samedi 4 aout 1990 à l'hôpital de Rouen vers 23 h 30 minutes

FIN

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