Inauguration d'un télescope géant au nord du Chili Vue aérienne du réseau de 66 antennes géantes du radiotélescope Alma sur un plateau situé à 5000 m d'altitude, dans le désert d'Atacama (Chili)o. Alma, le plus ambitieux projet astronomique au monde, a été inauguré dans le désert d'Atacama, au nord du Chili. Objectif : percer les secrets de l'origine de l'univers. «Nous faisons partie de l'univers et nous aimerions en savoir plus sur nous-mêmes: d'où nous venons, quel a été le commencement, pourquoi nous sommes ici, comment s'est formée la Terre et la vie, vers où nous allons?» C'est à ces questions, formulées par l'astronome de l'ESO (Observatoire européen austral) Massimo Tarenghi, qu'Alma devrait tenter de répondre. Inauguré officiellement mercredi, ce réseau de 66 radiotélescopes, ou antennes, capables d'observer l'univers dans le domaine millimétrique et submillimétrique a été bâti au nord du Chili, en plein désert d'Atacama, l'un des plus arides au monde. Cette formidable machine à observer les étoiles, capable de traverser des nuages denses de poussières cosmiques, permettra aux astronomes d'accéder à la partie la plus lointaine, la plus ancienne et la plus froide de l'univers. «Alma représente une véritable révolution. Nous pourrons faire des observations avec une résolution et une sensibilité bien meilleures qu'aujourd'hui. Cela va complètement transformer notre vision d'une partie de l'univers», poursuit Massimo Tarenghi. o«Pouponnières» d'étoiles Lorsqu'elles opéreront à l'unisson, les 66 antennes d'Alma, qui pèsent chacune plus de 100 tonnes, auront la même acuité qu'un seul télescope géant de 16 km de diamètre! De quoi capter la faible lueur des «pouponnières» d'étoiles, mais aussi des galaxies et des planètes situées dans les zones la plus sombres, les plus distantes et les plus froides (de -200 à -260 °C) du cosmos. Déjà, une équipe internationale d'astronomes a montré, grâce à Alma, que les explosions les plus intenses de naissances d'étoiles se sont produites quand l'univers avait moins de 2 milliards d'années, soit 1 milliard d'années plus tôt que ce qui était couramment admis. Cerise sur le gâteau: les chercheurs, dont l'étude a été publiée ce mercredi également dans Nature et l'Astrophysical Journal, ont trouvé de l'eau parmi les molécules détectées. Or, c'est la première fois que l'on trouve de l'eau à une distance aussi lointaine, souligne l'ESO. Cette découverte préfigure les avancées qu'Alma va permettre de réaliser dans le domaine de l'astrochimie, car l'univers froid permet de générer des acides aminés, constituants de base des protéines. Ce télescope géant est aussi le premier projet astronomique véritablement mondial, avec un budget de l'ordre d'un milliard d'euros, répartis entre l'Europe -à travers l'Observatoire européen austral (ESO)-, les États-Unis et le Japon. En 2009, la première antenne est installée sur le plateau de Chajnantor, à plus de 5000 mètres d'altitude, près du village de San Pedro de Atacama, à 1700 km au nord de Santiago. L'emplacement a été choisi en raison de son altitude, de sa sécheresse extrême et de sa proximité avec l'équateur, qui offre un angle privilégié pour observer une grande partie de l'univers. À noter que les images prises par Alma seront traitées par un superordinateur, le Corrélateur, un des ordinateurs les plus puissants du monde conçu spécialement et qui peut effectuer jusqu'à 17 millions de milliards d'opérations par seconde. |