Notion de famille de situations[1] Une compétence se définit aussi par rapport à une famille de situations équivalentes, c’est-à-dire à un ensemble de situations situées à l’intérieur d’un contour donné. A chacune des compétences évaluables sont associées un certain nombre de ressources : savoirs, savoir-faire, savoir-être. L’ensemble des ressources relatives à une compétence donnée constitue ce que l’on appelle l’univers de référence des ressources, que l’on organise souvent à travers un « tableau de ressources » propre à chaque compétence, et donc à chaque niveau. L’univers de référence des ressources permet de bien cerner celles qui, parmi elles, peuvent être présentes dans la situation, et celles qui ne peuvent pas l’être Pour garantir l’équivalence entre les situations, il est important de caractériser une famille de situations à travers quelques paramètres. Les paramètres d’une famille de situations sont les caractéristiques que doivent respecter toutes les situations qui se rapportent à une compétence, signifiant par là que la situation se situe bien à l’intérieur du contour La nécessité de délimiter les contours d’une famille de situations2. En termes de dispositif pédagogique relatif aux modules d’intégration, il est nécessaire de disposer d’un réservoir de situations d’intégration de niveau équivalent. On appelle ce réservoir « famille de situations ». L’enjeu est, en quelque sorte, de délimiter un contour à l’intérieur duquel on peut dire qu’une situation complexe est liée à la compétence. Le contour ne doit pas être trop restreint, sinon les situations sont trop similaires, et la notion de situation nouvelle disparaît. A l’inverse, ce contour ne doit pas être trop vaste, sinon on risque de « piéger » l’élève ou l’étudiant dans une situation pour laquelle il ne possède pas les ressources requises. dans un ensemble nous avons des situations s1 : ;s2 ;s3 ;s4 ;s6 en dehors de l'ensemble : s5 les situations S1, S2, S3 et S4 sont de bonnessituations-problèmes à proposer aux apprenants, puisqu’à la fois elles sont situées à l’intérieur du contour, et qu’elles sont suffisamment différentes les unes des autres. Par contre, la situation S5 est à éviter, en tout cas comme situation d’intégration, puisqu’elle n’est pas située à l’intérieur du contour : ce n’est pas une situation qui appartient à la famille de situations visée. La situation S6 n’est pas non plus une « bonne » situation, puisqu’elle est trop proche de la situation S2 : quand l’apprenant va la résoudre, il risque de le faire davantage par analogie avec la situation S2 qu’en la considérant comme une situation nouvelle qui requiert un traitement spécifique. Une résolution sans effort de mobilisation judicieuse des acquis, selon la complexité particulière de la situation présente, c’est-à-dire en l’absence d’un nouveau défi, présente peu d’intérêt sur le plan de l’intégration des acquis et du développement des compétences, une telle résolution n’étant qu’une simple répétition ou reproduction d’un schéma procédural connu. EXEMPLE Si l’on prend l’exemple de la compétence de « Conduire une voiture en ville. », les situations S1, S2, S3 et S4 sont les parcours différents à travers lesquels on peut entraîner la compétence, et l’évaluer : des parcours ni trop simples, ni trop compliqués. La situation S5 serait un parcours qui comprend une difficulté exceptionnelle, comme par exemple une zone inondée. Dans ce cas, la personne se voit dépassée par l’événement, n’ayant pas les habiletés nécessaires pour y faire face. Ce n’est pourtant pas pour cela qu’elle n’a pas acquis la compétence. La situation S6 serait exactement le même parcours que le parcours S2, à une petite différence près : par exemple, le même parcours à un autre moment de la journée (légère variation de densité de circulation), ou une inversion de deux parties du parcours. L’enjeu est donc de déstabiliser l’apprenant, au sens positif du terme, mais dans des limites raisonnables, claires et connues de lui. Plus loin, nous analyserons quelle est la nature de cette déstabilisation, mais on peut dire que, pour l’essentiel, il s’agit pour l’apprenant de puiser dans ses ressources celles qui conviennent à la spécificité cité de chaque situation. Dans certains niveaux d’enseignement, ces situations sont à construire. Dans d’autres, en particulier dans les formations professionnalisantes, un certain nombre de ces situations sont directement accessibles, parce qu’elles sont tirées de la pratique professionnelle : il faut alors faire un tri de celles qui se ressemblent, se recoupent, 2Extrait de l’ouvrage de Xavier Roegiers, la pédagogie de l’intégration : la mondialisation de l’éducation en question, De boeck, 2010 [1] Extrait de l’ouvrage de Xavier Roegiers, la pédagogie de l’intégration : la mondialisation de l’éducation en question, De boeck, 2010 |