Communication parents-enfants Comment réduire le fossé entre les générations ?
● Tout le monde sait que les plus âgés et les plus jeunes ne sont jamais sur la même longueur d’onde.
● Les parents ont souvent du mal à s’adapter au rythme «accéléré» de leurs enfants.  Les adultes se forcent de s’intéresser aux TIC pour être en phase avec les plus jeunes de la famille. Le fossé entre les générations existe depuis la nuit des temps. En effet, les parents et leurs enfants se sont toujours sentis très embarrassés par leurs différences. Toutefois, on constate, aujourd’hui, que ce fossé se creuse un petit peu plus avec l’avènement des TIC et le langage des jeunes de plus en plus bizarre. Les jeunes aujourd’hui utilisent un langage très particulier qu’ils ont inventé eux même et que les parents ne comprennent absolument pas. Aussi, dès leur plus jeune âge, les enfants du 21e siècle sont confrontés à toutes sortes de technologies. En effet, ces enfants sont nés avec cette technologie et l’ont apprivoisée de manière autodidacte. Les adultes, quant à eux, se forcent de s’y intéresser pour avancer avec le temps ou tout simplement pour être en phase avec les plus jeunes de la famille. Malgré cela, les parents se retrouvent dépassés face à la vitesse avec laquelle «se développent» leurs bambins. Si certains, grâce à leur activité professionnelle, savent se servir des téléphones portables, des ordinateurs et d’Internet, et donc peuvent communiquer avec leurs enfants plus facilement, d’autres parents, souvent plus âgés, ont des difficultés à s’adapter aux relations virtuelles. Par conséquent, les parents et les enfants, même s’ils vivent dans la même maison, auront l’impression que chacun vit sur son île à lui. Les jeunes essayent d’éviter les discussions souvent pour ne pas provoquer des conflits. Étant sûrs qu’ils seront mal compris, les jeunes préfèrent s’isoler pour construire leur propre monde et leurs propres idées. Vis-à-vis de ce comportement totalement incompréhensible pour les parents, ces derniers réagissent sévèrement ce qui complique les choses davantage. En effet, les spécialistes recommandent aux parents d’accepter la différence de leurs enfants en leur témoignant le respect et la confiance dont ils ont besoin, ce qui les aidera à mieux grandir et voler de leurs propres ailes. Les parents doivent donc être compréhensibles et rétablir les liens de communication entre eux et leur progéniture et les encourager à s’exprimer sans pour autant les imiter. Et afin de remédier à la distance intergénérationnelle liée aux nouvelles technologies, les plus âgés doivent essayer de se familiariser et s’initier de plus en plus au TIC. «Je sais comment manipuler un ordinateur. Toutefois, je ne suis pas trop Internet. Afin de mieux comprendre tout ce que fait mon fils devant son écran et pouvoir communiquer plus facilement avec lui, j’ai décidé de consacrer au moins une heure par jour pour naviguer sur Internet», lance Fatima, maman et femme au foyer. Comme les anciens traînent le passé et les jeunes portent l’avenir, les parents et les enfants sont tous responsables de l’approfondissement du fossé des générations. Une révision au niveau des idées, des concepts, et des systèmes d’éducation est recommandée afin d’éviter qu’un fossé continu et sans fin se creuse entre les générations ! «Accepter la différence du jeune c’est lui témoigner du respect» ❶Les jeunes aujourd’hui utilisent un langage particulier et sont tellement branchés technologie et TIC que les parents se sentent souvent dépassés. Comment pouvez-vous nous expliquer cette situation ?
Le passage de l’enfance à l’âge adulte est marqué par une phase où le sujet a besoin de se démarquer de ses aînés, de s’en éloigner pour mieux s’en rapprocher. C’est un processus qui prépare à une séparation-individuation du sujet. Ces comportements ont toujours existé, ce qui a évolué c’est les symboles de cette différenciation qui se présentent actuellement à travers les nouvelles technologies notamment. L’autre volet de la situation c’est que ces moyens de communication censés être inaccessibles pour les aînés donnent aux jeunes un sentiment de liberté et parfois même de supériorité les propulsant plus rapidement dans l’arène des «grands».
❷Comment les parents peuvent-ils s’adapter à cette différence ?
Il y a des cultures ou la différence fait moins peur que dans d’autres. La réaction des parents va varier en fonction de la maturité de la relation parents-enfants qu’ils ont pu nouer avec leur enfant. Elle dépendra aussi de l’histoire propre de chacun, mais globalement cette différenciation devrait être accompagnée par les parents qui peuvent faire en sorte que leur jeune ne s’éloigne pas trop et ait envie de revenir.
Il n’est pas question que les parents «miment» leurs jeunes enfants pour s’en rapprocher, mais accepter leur différence c’est leur témoigner du respect, de la confiance et surtout accepter qu’ils grandissent et qu’ils volent de ses propres ailes.
❸ Est-ce que la différence d’âge entre les parents et les enfants jouent un rôle dans cette adaptation ?
Plusieurs facteurs peuvent déterminer l’issu de ce processus, cependant, la tolérance vis-à-vis de cette différence sera plus affectée par le manque de souplesse dû à l’âge des parents (s’ils sont trop âgés), que par une différence d’âge existante entre le jeune et ses parents.
❹ Certains réagissent sévèrement face aux différences de leurs enfants, est-ce une bonne chose ?
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise chose, on fait avec ce qu’on a et selon ce qu’on est. Le jeune dont les parents ont du mal à avoir des attitudes souples n’est généralement pas trop surpris de la réaction de ses parents. Quelque part, il s’y attend et cette différenciation peut avoir comme sens inconscient de venir «titiller» ce que sont ces parents. Ce comportement d’apparence banale peut porter des significations différentes souvent inconscientes et qui s’intègrent dans le jeu relationnel entre parents et enfants.
Témoignage : Hanane, 38 ans maman de Othmane et Hicham «Je me sens de plus en plus vieille et dépassée»
«Face au rythme accéléré de mes enfants, je me sens de plus en plus vieille et dépassée. Le plus petit qui n’a pas encore deux ans sait déjà comment allumer et éteindre l’ordinateur de son père.
Il a aussi appris à répondre au téléphone portable et accéder aux jeux de celui-ci. L’aîné, à peine douze ans, est un petit génie en informatique, Internet… et arrive chaque jour à la maison avec de nouveaux termes auxquels je ne pige rien. Je fais de mon mieux pour être compréhensive, mais souvent je craque. Je ne sais plus maintenant si je dois être sévère en leur imposant certaines choses et en les privant d’autres ou c’est à moi de m’adapter à leur rythme».
Repères - Petit guide des abréviations et acronymes dont les ados sont friands :
- @+ : à plus tard
- aucun : ok1
- b1 : bien
- b1to : bientôt
- cad : c’est-à-dire
- dmd : demander
- dsl : désolé(e)
- é : et ou est
- fote : faute
- frR : frère
- j’m : je t’aime
- j’tdr : je t’adore
- l: elle
- l8 : lui
- lol : laughing out loud
- mdr : mort de rire
- mnt : maintenant
- ms : mais
- mwa : moi
- oqp : occupé(e)
- osi : aussi
- pl1 : plein
- psk : parce que
- qd : quand
- r1 : rien
- t : tu es
- twa : toi
- vient(s) : v1
- ya : il y a
Publié le : 29 Mars 2012 - Hajjar El Haiti, LE MATIN |