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ÞÏíã 2011-11-13, 19:14 ÑÞã ÇáãÔÇÑßÉ : 6
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ÇÝÊÑÇÖí ÑÏ: Philosophie,les sciences de le nature


Le paradoxe de l'expérimentation

Ce qui caractérise l'expérience, c'est qu'elle prétend recevoir quelque chose du réel, tel quel. Or, contrairement à une illusion naturelle, il est plus facile de créer, d'inventer, que de recevoir avec exactitude. D'abord, le réel est mélangé, ensuite nous mettons toujours dans notre appréhension plus de nous -mêmes que nous ne le supposons. Il va donc falloir faire un double effort pour d'une part séparer ce qui s'offre en vrac, d'autre part pour neutraliser au mieux ce que nous y mettons. Il va falloir pour cela construire, scientifiquement et techniquement. Il y a donc un véritable paradoxe de l'expérimentation, car toute une activité est nécessaire pour parvenir à un moment idéal de pure réceptivité. La passivité n'est pas naturelle à un être vivant, il faut la construire. " Même en ses phases les plus actives, l'expérimentation scientifique ne mérite encore le nom d'expérience que parce qu'elle prépare et annonce un moment de totale passivité : celui où le fait (...) est purement reçu et accepté." (F. Alquié, L'expérience).
Mais ce fait ne peut être perçu comme fait que dans le cadre d'une activité de pensée qui le reconnaît comme tel. Il n'y a pas de fait sans une théorie qui permette d'identifier les paramètres, de les séparer. C'est pourquoi Alquié précise "
(...) un moment de totale passivité : celui où le fait, auquel l'activité spirituelle donne seulement le sens d'une réponse, est purement reçu et accepté. Car s'il est vrai que tout fait scientifique est déterminé par des hypothèses, des lois, et tout un système de pensée, il demeure qu'il n'est fait que parce que s'offre en son sein un donné irréductible." Il y a donc un va-et-vient entre l'expérience et la théorie. Seule la théorie permet d'édifier un processus expérimental, seule l'expérience permet de justifier une théorie.
Entre nos désirs et la réalité, il y a souvent peu d'hésitation (voir processus primaire. Nous préférons nos illusions, tant que nous pouvons nous y tenir. Chacun sait, pour son propre compte, que ce n'est qu'en situation d'échec, qu'il accepte vraiment de remettre en question un mode de raisonnement ou de comportement inadapté. Et encore faut-il souvent que l'échec soit retentissant. Ce comportement vaut pour l'histoire des connaissances. "
Parler d'expérience, n'est-ce pas, en effet, signifier avant tout que nous avons fait l'épreuve d'un réel étranger, que ce qui nous a instruit est précisément ce qui nous a heurtés, contrariés, contraints à modifier nos préjugés et nos illusions (...) ? " (L'expérience). Nous sommes bien loin des images d'Épinal, nous représentant joyeusement à la conquête de la connaissance, aspirant à la vérité. Aussi, sans pour autant se laisser aller à des tendances sadomasochistes, faut-il se méfier des mythes d'apprentissage sans douleur. " Aussi (l'expérience) est-elle souvent liée à l'échec ; souvent la douleur paraît nécessaire pour nous amener à modifier notre attitude devant la vie ; vers certaines connaissances, il n'est d'autre voie que la souffrance. " (L'expérience).
On s'imagine communément qu'une expérience peut "prouver" la validité d'une théorie. Il n'en est rien, car l'expérience peut donner les résultats attendus par une théorie, mais que ces résultats soient en fait dus à des raisons tout à fait différentes que celles invoquées. Quand des hommes entreprennent des danses pour faire venir la pluie, celle-ci finit toujours par venir, c'est une affaire de patience, et quand elle vient enfin, c'est la preuve de l'efficacité de la danse. Il y a même un paradoxe de la foi : plus la pluie tardera à venir, plus sa venue sera considérée comme une preuve irréfutable de la validité de la méthode (car il s'y joindra le sentiment de la juste récompense de l'effort). C'est ainsi qu'à l'époque classique, on saignait les malades pour les guérir, et quand ils finissaient par en mourir, c'était qu'on ne les avait pas assez saignés. De plus, comme on ne peut jamais complètement s'isoler du reste du monde, on court toujours le risque d'une interaction insoupçonnée avec des paramètres peu ou pas connus. Il faut donc une grande multiplicité d'expériences identiques pour pouvoir en tirer des conclusions fiables. Encore ces conclusions n'ont-elles jamais la certitude d'une déduction. Qu'une expérience ait réussi n fois, ne "prouve" rien pour la n+1. La conclusion universelle faite à partir de nombreux cas concordants s'appelle
induction. Pour les rationalistes, l'induction est l'acte par lequel l'esprit saisit le nécessaire à travers une situation particulière, c' " est une déduction provisoire et conditionnelle qui se change par la vérification de l'expérience en une déduction inconditionnelle et définitive. " ( Ravaisson). Pour les empiristes, elle n'est que généralisation de cas particuliers concordants, ce qui permettra à Hume de dire que les relations causales ne sont en définitif fondées que sur des habitudes. Dans ces conditions, il n'y a pas d'expérience cruciale positive (on qualifie de cruciale toute expérience décisive pour ou contre une hypothèse).
S'il n'y a pas d'expérience cruciale positive, on peut par contre parfois concevoir des expérimentations qui réfutent. Car que l'expérience donne les résultats prévus ne prouve rien (ce peut être un hasard), mais qu'elle ne donne pas les résultats prévus prouve qu'au moins quelque chose était faux dans les hypothèses. On retrouve donc ici l'idée que l'échec est plus édifiant que la concordance. On appelle
falsifiabilité (ou réfutabilité) ce caractère d'un énoncé ou d'une théorie de pouvoir être réfuté par une expérience. La vérification n'est jamais décisive, alors que la réfutation peut l'être. Selon Karl Popper, ce qui caractérise la science, au point qu'on puisse en faire le critère de la scientificité, est précisément que ses assertions soient falsifiables. Le critère de démarcation entre une proposition métaphysique et une proposition scientifique n'est aucunement leur éventuelle possibilité de "vérification", mais le fait que la seconde est "falsifiable", alors que la première ne l'est pas. Au fond, aucun système, aucune théorie, ne sont jamais "vérifiés" (ce qui rappelle d'ailleurs les vues de Gödel). Ce qu'on appelle vérification d'une théorie, n'est jamais que le fait que les tentatives actuelles de réfutation ont échoué. On assiste ainsi à une sorte de renversement : si traditionnellement on appelait faux ce qui n'était pas vrai, on appelle alors vrai ce qu'on n'a pas encore réfuté.

A suivre






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