Une notion difficile à définir Il n'existe pas de propriété intrinsèque qui permette de distinguer, infailliblement et pour toutes les cultures, le vers du « non-vers ». Lorsque Maurice Grammont[1] tente de le définir comme : « un élément linguistique comptant un nombre déterminé de syllabes, dont certaines sont obligatoirement accentuées et dont la dernière assone [ou rime] avec la syllabe correspondante d'un ou de plusieurs autres vers. » on comprend bien que, non content de limiter sa définition au vers français, il en exclut par la même occasion le vers « blanc » (non rimé), ou le célèbre « Chantre », de Guillaume Apollinaire, dont l'unique vers serait bien en peine de rimer à quoi que ce soit : Et l'unique cordeau des trompettes marines. Cette définition exclut de même le « vers libre », dont le nombre de syllabes peut ne connaître aucune régularité. À défaut de mieux, il faudra bien se contenter du jugement social (est réputé vers tout ce qui est, plus ou moins consensuellement, reconnu comme tel) tout en s'appliquant à expliciter, pour chaque culture, chaque période et chaque style, les contraintes métriques spécifiques qui servent de base à une telle reconnaissance. Plus ces contraintes métriques sont fortes, plus elles auront tendance à agir à leur tour sur l'énoncé linguistique sous-jacent : inversions, curiosités syntaxiques ou lexicales, archaïsmes, licences orthographiques sont autant d'éléments qui aideront à identifier un vers comme tel. |
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