ÇáãæÖæÚ: Liberté - Paul Eluard
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ÞÏíã 2012-11-22, 21:37 ÑÞã ÇáãÔÇÑßÉ : 3
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ÇÝÊÑÇÖí ÑÏ: Liberté - Paul Eluard


ETUDE DU FOND ET DE FORME DU POEME
LA LIBERTE
I - Un texte incantatoire destiné à être lu et transmis oralement






Parce que ce texte était destiné aux Résistants, Eluard retrouve la tradition de la poésie orale qui doit frapper les esprits par sa ligne mélodique




A. Le souffle des anaphores

  • 20 strophes construites sur le même canevas :
    - Anaphore de la préposition "sur", répétée 3 fois par strophe et suivie de compléments circonstanciels de lieu
    - Dernier vers de la strophe : "J'écris ton nom
    -> Eluard cherche à ce que son texte soit facilement mémorisé pour être retransmis oralement d'une part et d'autre part pour être complété par les lecteurs partisans.

  • La 20ème strophe, elle aussi a un côté oratoire assez fort grâce à des procédés d'amplification :
    - Anaphore du "je" en début de vers v.82-83
    - Effet de redondance sur "pour" v.83-84
    - La conjonction initiale "et" met en valeur cette strophe
    -> Clôture très simple du texte sur le mot clef qui apparaît comme une évidence absolue d'autant plus qu'il est mis en valeur par son détachement
B. Le rythme Il est étroitement lié à l'anaphore puisqu'il fonctionne à chaque fois avec le même effet d'insistance. Chaque quatrain est formé de

- 3 heptasyllabes
- 1 tétrasyllabe martelé par des mots brefs
-> ouverture sur le monde
-> toujours relié à une idée fixe, obsédante

C. Les sonorités
  • Quasi-absence des rimes traditionnelles
  • L'effet rime était en début de vers avec l'anaphore "Sur" -> Certains vers riment parfaitement sauf à la rime. Ex : v.5-6 et v.45-46.
  • Eluard préfère le phénomène assonances / allitérations à la rime : c'est beaucoup plus fluide et moins contraignant. Ex : Strophe 7, v.25-28, allitération en [ch] et en [z] et assonance en [on] et en [an]. Cela contribue largement à donner au texte un aspect mélodique en dépit de l'absence de rimes traditionnelles.


II - Des lieux d'écriture à la fois concrets et imaginaires


La volonté qui est revendiquée, c'est d'écrire le mot "liberté" sur tous les supports possibles dans le monde et de faire de cet univers une sorte d'immense graffiti.
  • De nombreux supports lexicaux -> volonté de couvrir tous les domaines d'une vie :
    - Enfance : "cahiers d'écolier" v. 1, "pupitre" v. 2, "pages" v. 5
    - Pouvoir : "armes des guerriers" v. 10, "couronne des rois" v. 11
    - Nature : "champs" v. 25, "oiseaux" v. 26, "mer" v. 30
    - Espace privé : "lampe" v. 45, "maison" v. 48, "chambre" v. 50, "chien" v. 53
    - Etat d'esprit du poète : "absence sans désir" v. 73, "solitude nue" v. 74, "espoir sans souvenir" v. 79
  • Evocations fréquentes d'un fait et de son contraire -> Volonté d'englober la totalité de l'univers- V. 5-6 : "pages lues"/ "pages blanches"
    - V. 22-23 : "soleil moisi"/ "lune vivante- V. 17-18 : "nuits"/ "journées

A. Une progression
Evolution = celle d'une vie d'homme de l'enfance jusqu'à la réflexion personnelle.
  • Début du texte (v. 1 à 44) : va-et-vient permanent entre le moi et le monde
  • Fin du texte (à partir du vers 45) -> évocation d'un univers plus intime :
    - V. 45-60 : environnement familier du poète : "lit" v. 51; "objets familiers" v. 58, "maison" v47
    - V. 61 à la fin : état d'esprit du poète : "refuges détruits" v. 69, "les murs de mon ennui" v. 71

    -> On peut dire que les supports d'écriture pour la liberté deviennent au fil du texte de plus en plus intime et c'est sans doute la marque d'une implication personnelle assez forte de la part d'Eluard. Sa présence est de plus en plus grande à la fin du texte à travers les possessifs mon, ma, me.
B. Mélange des supports concrets et des supports
abstraits


  • Concret : "cahiers" v. 1, "pupitres" v. 2, "pages" v. 5-6, "images" v. 9, "sable" v. 3, "vitre" v. 65…
  • Multiplication des supportsimaginaires : ce sont ces supports qui donnent au texte sa valeur symbolique la plus importante : métaphores
    - V. 18 : sérénité des jours de paix qui est évoquée. Associée au plaisir simple du pain par opposition aux jours de l'occupation pendant lesquels les Résistants mangeaient leur pain noir
    - V. 22 : image corrompue par la barbarie
    - V. 27 et 29 : "moulin", "ombre" -> idée de la ronde des heures, la nuit qui revient trop souvent et "bouffée d'aurore" = soupirs d'espérance à chaques fois renouvelés

    -> On assiste donc à une multiplication infinie des supports proposés pour écrire le mot "liberté" et ceci est révélateur de la tonalité d'ensemble du texte qui se veut dans les heures sombres de 1942 : un hymne à la vie, à la plénitude de tous les instants d'une vie d'homme.

III - Un hymne à la vie, à la plénitude de tous les instants d'une vie d'homme
A une première lecture, sans connaître tout le contexte du poème on pourrait penser que ce texte se rapproche de la poésie amoureuse ; en effet on a ici une immense déclaration d'amour à la vie en dépit de quelques images de découragement qui viennent ternir parfois l'élan enthousiaste




A. Quelques images de découragement liées au contexte de la guerre


ex : v. 22, v. 45-46, v. 69-70, v. 73-74



Toutes ces images sont l'évocation des moments de désespoir de la vie où le miroir vous coupe en deux, où l'on ne se retrouve plus.
Tous ces moments de découragement peuvent être liés aux moments difficiles que vivent les maquisards loin de leurs proches et de leur famille pendant l'occupation





B. Si tous les instants d'une vie d'homme ne sont pas cités, les plus importants le sont
  • Réminiscence de l'enfance, par bribes
    - "cahiers d'écolier"
    - "pupitre"
    - Les beaux livres : "pages lues", "images dorées
    - Les promenades : "Sur les nids, sur les genêts

  • Communion sensuelle avec le monde
    - "bouffées d'aurore" v. 29
    - "mousse des nuages" v. 33
    - "sueurs de l'orage"
    - "pluie épaisse et fade"

  • Tendresse, sensualité, fraternité
    - Le chien
    - "chair accordée" v. 62
    - "main qui se tend" v. 64
    - "Lèvres attendries"



CONCLUSION
- Le poème Liberté de Paul Eluard est à vocation militante, qui retrouve pour cela les accents d'un texte oratoire.
- Une brillante combinaison d'intimité et d'ouverture sur le monde qui fait toute la plénitude de cet hymne à la vie.








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