ÇáãæÖæÚ: Prémonition 4
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ÞÏíã 2010-07-27, 13:05 ÑÞã ÇáãÔÇÑßÉ : 1
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ÇÝÊÑÇÖí Prémonition 4


Neuf heures du matin, le soleil était déjà au ciel et il faisait assez frais par cette matinée de mars. Abdeslam avait passé le reste de la nuit dans sa voiture, guettant le retour d’Aziz. Soudain il vit Driss quitter la maison à pas lents, en scrutant le bout du chemin qui menait au cimetière et resta là, immobile dans cette attitude indécise, « espère-t-il voir Aziz ou le craint-il ? » se demanda Abdeslam avant de démarrer sa voiture dont le bruit du moteur ne tira pas Driss de ses pensées. La voiture roula lentement sur des centaines de mètres, longea le mur du cimetière, s’arrêta à proximité de l’entrée et Abdeslam jeta un regard dans la direction de la tombe de la défunte, il n’y avait aucune trace d’Aziz « où peut-il être maintenant ? il ne peut pas être rentré chez lui quand même ! » se demanda-t-il.

Il se perdit alors dans ses pensées, dans ses souvenirs les plus heureux, du temps où le bonheur réunissait tous les membres de la famille pour passer les veillées du Ramadan, où on attendait son retour avec Aziz pour entendre les nouvelles histoires drôles, et on riait à se tordre. Oui, ils partaient, après la rupture du jeûne, au café… le café ! oui bien sûr ! Abdeslam se souvint tout à coup du café qu’Aziz aimait fréquenter. Il décida alors de s’y rendre pour revivre ces moments de bonheur, ne serait-ce que quelques bribes de ce bonheur. Il gara sa voiture à proximité du café, y entra et vit le coin qu’Aziz aimait prendre… il fut saisi d’une immense joie lorsqu’il le vit assis à sa table préférée.

- J’avais un pressentiment que je te trouverais ici, frérot !x

Je t’attendais, vois-tu !x

Ces quelques propos échangés, ils plongèrent dans un long silence, interrompu par le serveur qui apporta à Abdeslam sa commande. La tête à demi baissée , Aziz avait les cheveux en poivre et sel, presque blancs… le plus jeune de ses frères ! Son regard avait quelque chose de lourd, plus lourd que le deuil, plus sombre que la nuit de son départ, aussi expressif que le regard de la défunte, moins présent que la personne d’Aziz. Abdeslam le contemplait avec amour et ne sut dissimuler un sourire d’enfant quand leurs regards se croisèrent.

- Ça fait longtemps, Abdeslam, qu’on n’a pas savouré ce moment n’est-ce pas ?x

- Oui… longtemps ! trop longtemps ! fallait-il un deuil pour le revivre ce souvenir !x

- C’était mieux ainsi…x

- Pour nous ou pour toi ?x

- Pour tout le monde…x

- - Non, Aziz… ça n’était pas une bonne chose pour nous et encore moins pour notre mère…x

-Comment vont tes enfants, Abdeslam ?x

-Bien… tu veux changer de sujet, c’est ça !x

…-

-Aziz !x

-Oui !x

Peux-tu me croire si je te dis que, jusqu’à cet instant, je ne sais pas ce qui s’était passé l’autre nuit ?x

Oui, je te crois…x

Comment peux-tu le savoir ?x

Notre mère était honnête et savait tenir sa promesse…

- Quelle promesse ?x

- Qu’elle m’avait faite cette nuit, avant mon départ …x

- Elle t’avait promis quoi ?x

- De ne jamais en parler.x

- Parler de quoi ?x

- Allons Abdeslam ! tu me connais, je ne te dirai rien. Tout ça c’est du passé… n’en parlons plus

- - Mais pourquoi la défunte priait toujours pour que tu lui pardonnes ?x

- Que Dieu ait son âme en sa miséricorde !x

- Tu lui as pardonné alors ?x

- Non.x

Abdeslam était sidéré par cette réponse si brusque, si sèche et aussi brutale qu’une balle de pistolet. Il regarda longtemps Aziz sans pouvoir déterminer quel sentiment il avait pour lui en cet instant-là. Aziz alluma une cigarette, souffla la fumée sur le bord de son verre et se perdit dans ses pensées.

Douze années de séparation avaient façonné un autre Aziz : subitement il s’était dressé un autre personnage, plus fort, plus ambigu, plus absent… Aziz avait perdu son sourire innocent, c’est désormais un rictus ironique qui se traçait sur ses lèvres bleuies par le tabac… il avait perdu son regard doux et aimant qui a laissé place à un regard dur, scrutateur teint d’une nuance de colère permanente. Abdeslam était désemparé devant son petit frère.

- Tu as trop changé, Aziz !x

- …, Aziz se contenta d’un sourire artificiel

- Je ne te connais plus, Aziz !x

- - Non Abdeslam, non ! ne te fais pas de soucis pour moi… j’ai peut-être changé de physionomie, mais mon cœur est toujours à sa place et la place que tu y tiens n’a pas changé d’un iota, mon frère… c’est juste l’éloignement, et un peu l’impact de la solitude où j’ai vécu toutes ces années… j’ai perdu beaucoup de mon bavardage, n’est-ce pas ? dit-il avec un rire chaleureux qui fit monter les larmes aux yeux de Abdeslam.x





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